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Expositon – THE FLESH EN REFLEX

une revue / une exposition

The Flesh est une revue créée en 2008 par Yann Géraud et Damien Mazières avec pour volonté d’imprimer, de donner à lire ou à regarder des ensembles de textes, d’images, de reproductions ou de fac-similés, et cela sans considération, en amont, d’une quelconque valeur d’usage. Habité par une volonté de diffuser les pensées, et cela sans hiérarchie, sans autorité, l’espace de la revue se définit pour nous comme un espace manifeste, c’est-à-dire le lieu de la proclamation, le lieu de la vision des choses. The Flesh est une revue qui se matérialise dans une absence de thématique, une absence de sujet volontairement revendiquée, The Flesh propose un regard concrètement abstrait. Habitée par le désir d’être un objet, une chose imprimée, la revue investit des champs aussi larges qu’éloignés, une idée étant le plus souvent mieux éclairée par son contraire que par son équivalent.

Convaincus que ce qui nous rassemble est souvent ce qui nous oppose, nous confions le choix des textes, des œuvres, à des personnes, des artistes, des auteurs qui évoquent pour nous un moment important de la pensée, de la littérature, de l’art ou encore de la poésie, voire du quotidien, mais qui ne sont liés entre eux par aucun courant ou mouvement. À l’instar de cette méthode, nous pensons que le lecteur crée le texte de la même manière que le regardeur crée l’œuvre, donc le contexte de son exposition. La revue devient alors un espace vide qui ne se peuple que des pensées de ceux qui la consultent.

L’espace de la revue pourrait être décrit suivant les termes de Patricia Falguières dans sa préface à White Cube. L’espace de la galerie et son idéologie de Brian O’Doherty (1) : « Les quatres essais que publia BOD dans Artforum entre 1976 et 1981 et qui furent regroupés ensuite sous le titre collectif Inside the White CubeThe Ideology of The Gallery Space constituent l’une des plus belles boîtes noires dont disposent aujourd’hui artistes, critiques, curateurs et collectionneurs. On nomme ainsi, dans les laboratoires de recherche, un dispositif dont on étudie les échanges sans jamais interroger le contenu ou le mode de fonctionnement interne. Comme un transistor, un algorithme ou un programme informatique scellé, il suffit de savoir ce qu’on y fait entrer et ce qui en sort : une fois branchée, la boîte noire fera tourner les programmes de recherche du jour… ». C’est une générosité ambiguë qui est ici décrite, constituée d’un vide mécanisé, motorisé, prêt à recevoir l’intelligence, l’icône, le signe. Si l’espace éditorial de The Flesh n’ouvre sur rien d’autre que ce que l’on peut y mettre, alors il ne peut être riche que de ce qui l’accompagne. Il est en quelque sorte un adjectif démonstratif, ou comme le démontre Rosalind Krauss dans L’originalité de l’avant-garde et autres mythes modernistes, un embrayeur. « Embrayeur est le terme qu’utilise Jakobson pour désigner cette sorte de signe linguistique  « vide » qui ne peut être « rempli de signification » que dans la mesure ou il est « vide ». Le mot « cette » est un signe de cette sorte, attendant à chaque usage qu’on lui fournisse son référent. « Cette chaise », « cette table », « cette… » - et nous désignons quelque chose sur le bureau. » (2). Si dans le cadre d’un exercice artistique l’objet ne peut être exposé sans être décontextualisé, alors il sera indexé. L’index est un signe ou une représentation qui renvoie à son objet. Par exemple, ce n’est pas Spiral Jetty de Robert Smithson que nous regardons mais sa photographie, son empreinte, son indexation. L’embrayeur accompagnant l’index, le contexte désignera l’art, l’espace de la galerie désignera ce qui fait oeuvre.

 

 

1 Brian O’Doherty, White Cube. L’espace de la galerie et son idéologie. Traduction. Paris, Zurich, La maison rouge – fondation Antoine de Galbert, Jrp-ringier, 2008

2  Rosalind Krauss, L’originalité de l’avant-garde et autres mythes modernistes. Traduction. Paris, Macula, 1993



[1] Patricia Falguières, « À plus d’un titre », in Brian O’Doherty, White Cube. L’Espace de la galerie et son idéologie, (translation in French), Paris: La maison rouge – fondation Antoine de Galbert; Zurich: jrp|ringier, 2008, p. 6.

[2] Rosalind Krauss, The Originality of the Avant-Garde and Other Modernist MythsCambridge (MA): MIT Press, 1986, p. 197.

[3] Patricia Falguières, « À plus d’un titre », in Brian O’Doherty, White Cube. L’Espace de la galerie et son idéologie, (translation in French), Paris: La maison rouge – fondation Antoine de Galbert; Zurich: jrp|ringier, 2008, p. 6.

[4] Rosalind Krauss, The Originality of the Avant-Garde and Other Modernist MythsCambridge (MA): MIT Press, 1986, p. 197.

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